Vincent Platini, "Écrits fantômes. Lettres de suicides 1700-1948". Un recueil qui met en avant l’inventivité formelle, le souffle poétique, les accents trépassés. Rien d’indécent, ni de sordide. Des écrits fragiles, fantômes, chargés de puissance.

Après quatre ans de travail dans les archives, Vincent Platini a exhumé 213 lettres de suicides composées par 158 personnes ayant mis fin à leurs jours entre 1700 et 1948. De cette recherche est né un recueil pionnier, Écrits fantômes. Les messages y sont organisés en dix cercles, selon le visage que s’est choisi le suicidé : devant la justice, face à Dieu, contre la tyrannie, en crevant d’amour… Car ces lettres ne sont ni des documents, ni des pièces de faits divers. Elles forment des masques mortuaires pour une ultime représentation. L’écriture permet de se transformer in extremis, de transgresser la bienséance et les hiérarchies, de partir en un éclat. Parfois drôles, souvent bouleversantes, les lettres de suicide sont des pièces littéraires qui font entendre des voix oubliées en une esthétique du dernier instant. Ces morts minuscules sont celles d’inconnus, pas des écrivains, mais des individus qui décident de prendre la plume pour crier : « À la fin me voici. » 

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